Souvenirs de collégien

Mes premières années au collège s’agitent dans le méandre de mes souvenirs comme un refrain. Je me considérai comme un intrus. Pour moi, rien ne pouvait venir m’arracher à cette inébranlable conviction : la vie citadine ne voulait pas de moi car tout me rebutait dans cette magnifique ville de Saint-Louis. Je croisai à chaque levée de Soleil l’hostilité de la routine des habitants : flopée de talibés-mendiants dans les rues, bruits assourdissants des transports, navettes quotidiennes entre mon collège et chez moi…Cette répétition cyclique du même décor peinait à changer. Voilà ce qui me traumatisait. Il m’arrivait de chercher à extirper mon esprit de cette monotonie. C’est alors que je pensais au village de mon enfance, aux jeux de cache-cache entre les amis, aux pâturages, aux feuillages touffus des arbres, aux rues sinueuses et animées qui nous conduisaient à l’école coranique, aux premières amours de ma vie